Par Rémi Bourbonneux
A proximité du Royal College of Art, du Science Museum et de la Serpentine Gallery, le quartier de Kensington accueille un nouveau temple de la culture. A partir du 24 novembre 2016, le Design Museum rouvre ses portes dans un bâtiment d’exception réhabilité grâce au travail conjoint de l’agence OMA et de l’architecte John Pawson.
Créé en 1989 à l’initiative de Sir Terence Conran, le Design Museum, auparavant logé dans un entrepôt du quartier des Docks devenu trop étroit, se devait de se trouver un nouvel écrin. Face au succès grandissant de ses expositions dédiées au design contemporain des XXe et XXIe siècles, ainsi qu’à des créateurs aussi variés que Zaha Hadid, Ettore Sottsass ou encore Christian Louboutin, l’établissement a dû déménager afin de tripler sa surface d’exposition. Luke Hayes
Le Design Museum s’est donc installé au sein de l’ancien institut du Commonwealth. Fermé en juillet 2004 après une longue agonie financière, ce centre de conférences classé au patrimoine national s’offre ainsi une nouvelle vie grâce au travail de Rem Koolhaas et de son agence OMA. En 2010, alors qu’il travaille à la réorganisation urbaine du quartier de Kensington, le Néerlandais n’imagine pas l’avenir du quartier sans un nouvel usage à cet immeuble emblématique de l’architecture d’après-guerre. Pour ce faire, son agence transforme fondamentalement la structure de l’édifice, en supprimant tous les planchers existants et en excavant deux niveaux supplémentaires. De la sorte, seuls les éléments les plus remarquables du bâtiment subsistent : son gigantesque atrium et sa toiture aux courbures hyperboliques, chef-d’oeuvre d’ingénierie pour un édifice réalisé en 1962.
Familier des réhabilitations d’envergure, qu’il s’agisse d’églises ou de bunkers, l’architecte John Pawson prend le relais pour les aménagements intérieurs. Il commence par l’atrium. L’immense hall, habillé de chêne et de marbre, est traversé par de nouvelles rampes, aux inclinaisons et largeurs variables. Conçu comme un espace à part entière du musée, il est destiné à accueillir certaines expositions et événements annexes, devenant ainsi un espace de rencontres et d’échanges. Les nombreuses assises, intégrées aux circulations, invitent les visiteurs à contempler la spectaculaire structure bétonnée de la toiture. Une exposition de photos retraçant les transformations du bâtiment depuis le début des travaux en 2012 et prises par le photographe de mode Koto Bofolo, sera d’ailleurs présentée à l’occasion de l’ouverture du musée au public.
La collection permanente du musée, ouverte gratuitement au public au dernier niveau sous le titre « Designer Maker User », vise à présenter plus de 1 000 objets et meubles sous un angle nouveau, en confrontant les points de vue des designers, fabricants et utilisateurs. D’autres programmes tels qu’un auditorium, une bibliothèque, des ateliers de travail ainsi qu’un centre d’études financé par la Fondation Swarovski s’ajoutent aux espaces d’exposition afin de faire du lieu un épicentre de de la créativité londonienne.
Le Design Museum ouvre donc avec des ambitions : la première année, il espère attirer 650 000 visiteurs séduits par une alchimie unique entre architecture, design, mode et graphisme. Mais surtout il veut nous faire réfléchir sur la forme, la fonction et le sens des objets qui nous entourent…